Le divorce et le remariage

Préambule

Le cadre

Ce document est le fruit d’une longue réflexion faisant suite à la consultation de nombreuses sources et avis, et en premier lieu de la Parole éternelle inspirée de Dieu. Il émane d’un groupe d’individus, certes sauvés par grâce, mais qui ont pleine conscience de leurs faiblesses, leur insuffisance, et leur incapacité à satisfaire pleinement la volonté divine par leurs propres forces.

Tous ceux qui se sont penchés sur ces problématiques connaissent la complexité du sujet et l'émotion qu'il suscite. Les anciens sont conscients des limites de ce document qui ne touchera qu’aux points essentiels. Cette position ne prétend pas être exhaustive, ni fournir un baume nécessaire à ceux qui sont dans la douleur d’une séparation. Ce document a principalement une portée doctrinale.

Réfléchir au divorce et au remariage, c’est aborder une question seconde. La question première sera toujours : comment puis-je améliorer / sauvegarder le couple ? Comment puis-je bénir mon conjoint ? Comment le compléter, l’accueillir, le valoriser, lui permettre de grandir à la ressemblance du Christ ? Comment le couple peut-il être tout ce que le Créateur voudrait qu’il soit ?

Cette réflexion sur le divorce et le remariage amène donc souvent à se poser une mauvaise question : « dans quelles circonstances le divorce est-il acceptable, tolérable ? ». C’est d’ailleurs de cette manière que les disciples abordent Jésus en Matthieu 19.3. À cette mauvaise question Jésus fera une merveilleuse réponse, laquelle doit inspirer toute réflexion sur le divorce : « Ils ne sont plus deux ; ils font un. Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni.» Le divorce est donc toujours l’échec d’un projet de vie que Dieu voulait voir réussir pour ses enfants.
Et pourtant, dans certaines circonstances, le lien conjugal a pu être tellement blessé, meurtri, que la volonté même de continuer n’est plus là. Que reste t-il alors : la condamnation, le jugement et une vie de deuxième choix ?

Ainsi, la réalité douloureuse des difficultés conjugales conduit les anciens à devoir considérer la question du divorce et du remariage. Pour aborder ces sujets délicats, nous avons voulu mieux cerner l’enseignement de la Bible, pour répondre à plusieurs objectifs :

  • Mettre en avant l’idéal biblique du couple et encourager chacun dans cette vision.
  • Repérer les frontières que Dieu veut voir respecter dans l’Église, expliquer pourquoi l’Église est parfois amenée à désapprouver le divorce d’un de ses membres, ou prendre des positions qui pourraient parfois être vues comme sévères.
  • Orienter les divorcé(e)s qui se demandent ce que pourrait être leur avenir conjugal.
  • Clarifier ces notions pour tous, pour permettre l’accueil des personnes divorcées ou en situation de rupture conjugale d’une façon juste, conforme à la Parole, emprunte de compassion, sans laxisme ni sévérité.

Parler de ce sujet implique le fait de garder un équilibre permanent entre bonté et vérité, mais aussi entre Grâce et Sainteté Divine. C’est ce qui a conduit les anciens dans leur réflexion.

Les textes bibliques de référence

Genèse 1–3, Exode 21.10-11, Lévitique 21.10-15, 25.44, Deutéronome 24.1-4, 2 Samuel 3.15-16, Esdras 10.2-3, 16-19, Jérémie 3.8, Ezéchiel 44.21-23, Malachie 2.16, Matthieu 1.18-20, 5.31-32, 19.3-10, Marc 6.17-18, 10.10-12, Luc 16.18, Romains 7.1-3, 1 Corinthiens 7.1-2, 8-15, 27-28, 39, Hébreux 13.4, 1 Timothée 5.11-15.

Le statut du mariage

Les textes

Dieu a institué le mariage avec ce principe fondamental : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (Gn 2.24). Jésus souligne la pérennité de ce principe pour le couple (Mt 19.1ss). On remarque :

  • le mariage en tant qu’union hétérosexuelle,
  • une rupture de la dépendance à l’égard de la famille d’origine,
  • un engagement réciproque, librement consenti (le contexte antérieur décrit l’admiration de l’aimée, exprimant désir et consentement),
  • le développement d’une relation en tout point intime (humaine, sexuelle, spirituelle, etc.).

La manière de sceller le mariage dépendra de la culture (cf. réflexion des anciens sur la célébration du mariage). Une fois scellée, l’union a la forme d’une alliance (Ml 2.14), universelle pour tout le genre humain : en Genèse 20, on remarque que ce n’est pas seulement le peuple de Dieu qui tient le mariage en honneur (Gn 20.9). En France, le mariage est établi en présence d’un représentant de la République.

Le mariage a plusieurs objectifs, notamment :

  • la continuation du genre humain (Gn 1.27-28)
  • le partenariat et le bonheur de partager la vie en se complétant (Gn 2.18)
  • le plaisir de la sexualité (Pv 5.15ss) et la protection de l’immoralité (1 Co 7.2-9)
  • la représentation de la relation entre Dieu et son peuple (Ep 5.23-32 ; Os 2 ; Jr 3)

Les interprétations possibles sur le mariage

1. Le mariage est une union inviolable
C’est la position de l’église catholique et de certains théologiens protestants (Calvin, Piper). Rien ne permet de briser cette union, sinon la mort.

2. Le mariage est un contrat
C’est la position de certaines églises réformées & évangéliques qui considèrent ce contrat comme temporaire, et facilement modifiable.

3. Le mariage est une alliance & une responsabilité
C’est la position majoritaire des églises réformées et évangéliques qui considèrent le mariage comme un engagement solennel associé de responsabilités dont l’absence ou la violation permettraient éventuellement d’y mettre un terme.

La compréhension de l’EPEV-C sur le mariage

Les anciens se reconnaissent dans la troisième perspective :

D’un côté le mariage est une union solennelle et importante :

  • Jésus commande que personne ne brise le couple que Dieu a uni (Mt 19.6)
  • Le couple est considéré comme une « alliance » (Ml 2.14) qui illustre celle de Dieu avec son peuple (Ep 5 & Jr 3).
  • Le couple est normalement uni jusqu’à la mort (Rm 7.1-3).

D’un autre, le mariage est une union qui engage la responsabilité des conjoints :

  • Dieu a régulé la pratique du divorce (Dt 24.1-5), et a lui-même « divorcé » de son peuple suite à son infidélité (Jr 3.1-8)
  • Un conjoint ne peut priver l’autre de « nourriture, vêtement & droit conjugal » (Ex 21.10-11) sans que Dieu considère légitime la rupture de ce mariage.
  • Un conjoint non-chrétien qui insisterait pour quitter cette union libère le chrétien de cette alliance (1 Co 7.12-16)
  • Jésus semble reconnaître au moins une clause légitime d’un divorce et d’un remariage sans que cela s’apparente à un adultère (Mt 19.1-12).

Le mariage est donc un engagement solennel et un style de vie qui le nourrit. Nous souhaitons mettre en avant l’idéal biblique d’un homme qui s’unit à une femme pour mener vie commune jusqu’à leur mort, véritable projet de vie de Dieu pour ses créatures. L’Église veut favoriser la réalisation de cet idéal !

Le statut du divorce et de ses causes

Les textes bibliques

Le texte légal le plus significatif se trouve en Deutéronome 24.1-4 :

« 1 Lorsqu’un homme aura pris et épousé une femme qui viendrait à ne plus obtenir sa faveur, parce qu’il aura trouvé en elle quelque chose d’inconvenant, il écrira pour elle une lettre de divorce et, après la lui avoir remise en main, il la renverra de sa maison. 2 Elle sortira de chez lui, s’en ira et pourra devenir la femme d’un autre homme. 3 Si ce dernier homme cesse de l’aimer, écrit pour elle une lettre de divorce et, après la lui avoir remise en main, la renvoie de sa maison ; ou bien, si ce dernier homme qui l’a prise pour femme vient à mourir, 4 alors le premier mari qui l’avait renvoyée ne pourra pas la reprendre pour femme après qu’elle a été souillée, car c’est une horreur devant l’Éternel, et tu ne chargeras pas d’un péché le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne pour héritage.» (Dt 24:1-4)

Plusieurs remarques s’imposent :

  • Le processus est balisé, non commandé. Un peu comme si le verset disait : « si divorce il doit y avoir, voilà comment il aura lieu ». C’est un processus qui protège notamment l’épouse de l’abandon en lui conférant un statut.
  • La cause est motivée par « quelque chose d’inconvenant » (littéralement, de nudité, c'est-à-dire quelque chose de honteux, cf. Dt 23:15, Lv 20:21, Lm 1:8)
  • Le divorce engendre la liberté d’un remariage (pour les deux), mais l’impossibilité de divorcer à nouveau pour revenir à la première union.

Dans l’Ancien Testament (donc sous l’Ancienne Alliance), Exode 21.7-11 régule les devoirs d’un mari polygame (!). Il s’agit d’une régulation, et non d’une prescription : le mari devra s’assurer de fournir à sa première épouse : « la nourriture, le vêtement et le droit conjugal » sans quoi elle sera libre de partir. Cela montre que le mariage n’est pas seulement un engagement passé, mais une responsabilité constante.

Le Seigneur lui-même lance une procédure de divorce vis-à-vis de son Épouse, le peuple d’Israël et de Juda, après de nombreuses infidélités. Une notion de « faute », sanctionnée par le divorce ou la menace de divorce (Es 50.1 ; 54.6-7), motive la démarche qui peut être inversée s’il y a repentance (Jr 3). Dieu veut même se révéler comme celui qui couvre le pire, comme il l’illustre avec le mariage d’Osée avec une prostituée (Os 3). C’est un paradoxe : Dieu se décrit « obligé » de divorcer tout en se manifestant comme un Dieu plein de compassion, prêt à pardonner.

Les prêtres devaient refléter un idéal conjugal et ne pouvaient épouser qu’une vierge d’Israël – pas de veuve, de femme divorcée ou déshonorée (Lv 21.10-15 ; Ez 44.22). Il ne faudrait pas en conclure un statut dégradé du divorcé, ce n’est certainement pas le cas de la veuve, mais la nécessité de représentation pédagogique et théologique de cet idéal conjugal. Lévitique 22.13 souligne aussi qu’une fille lévitique divorcée pourra quand même manger les aliments « saints » de son père prêtre – Dieu prend soin d’accueillir les délaissées (Lv 22.13 ; Nb 30.9).

Dieu avait interdit au peuple juif d’épouser des femmes issues d’autres nations (Ex 34:15-16 ; Dt 7:3-4), car les non-Juifs pouvaient pousser à l’idolâtrie et à l’immoralité, ce que l’histoire d’Israël démontre à maintes reprises (Jg 3:6 ; 1 R 11:1-2). C’est ainsi qu’Esdras exige le divorce des épouses non-juives lorsque le peuple prend conscience de sa faute (Esd 9.1-2; 10.2-3, 16-19). La rigueur d’Esdras n’est nulle part recommandée et n’est pas normative.

Malachie 2.14-16 est souvent cité pour dénoncer le divorce, mais il met tout autant en garde contre l’infidélité et la répudiation qui la suit :

14 Et vous dites : Pourquoi ?… Parce que l’Éternel a été témoin entre toi et la femme de ta jeunesse que tu as trahie, bien qu’elle soit ta compagne et la femme de ton alliance. 15 Nul n’a fait cela, avec un reste de bon sens en lui. Un seul l’a fait, et pourquoi ? Parce qu’il cherchait la descendance que Dieu lui avait promise. Prenez donc garde en votre esprit : que personne ne trahisse la femme de sa jeunesse ! 16 Car haïssable est la répudiation, dit l’Éternel, le Dieu d’Israël ! ainsi que celui qui couvre de violence son vêtement, dit l’Éternel des armées ! Vous prendrez donc garde en votre esprit : vous ne serez pas des traîtres.” (Malachie 2:14-16)

Le Nouveau Testament se veut rédempteur, plus que législateur. Dans cette optique, Jésus exige une sainteté supérieure aux religieux (Mt 5.20), qui atteigne même la perfection (5.48), ce qui lui permet de souligner qu’une répudiation en-dehors de porneia (détails ci-après) est un adultère ou une incitation à l’adultère (5.31-32) : une situation extrêmement grave ! Tout au long de ce chapitre, Jésus met en avant un idéal élevé : insulter son frère est comparable au meurtre… convoiter à l’adultère…il faut tendre l’autre joue – être parfait comme le Père est parfait (5.48)

La pensée du Seigneur est détaillée en Matthieu 19.3-12

“3 Les Pharisiens l’abordèrent et dirent pour l’éprouver : Est-il permis (à un homme) de répudier sa femme pour n’importe quel motif ? 4 Il répondit : N’avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, fit l’homme et la femme 5 et qu’il dit : C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. 6 Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. 7 Pourquoi donc, lui dirent-ils, Moïse a-t-il commandé de donner (à la femme) un acte de divorce et de (la) répudier. 8 Il leur dit : C’est à cause de la dureté de votre coeur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; au commencement, il n’en était pas ainsi. 9 Mais je vous dis : Quiconque répudie sa femme, sauf pour infidélité, et en épouse une autre, commet un adultère. 10 Ses disciples lui dirent : Si telle est la responsabilité de l’homme à l’égard de la femme, il n’est pas avantageux de se marier. 11 Il leur répondit : Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné. 12 Car il y a des eunuques qui le sont dès le sein de leur mère ; il y en a qui le sont devenus par (la main) des hommes, et il y en a qui se sont rendus eunuques, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne.” (Matthieu 19:3-12)


Le Seigneur souligne que Genèse 2.24 doit demeurer la norme, l’idéal sur lequel caler nos ambitions. Il faut revenir au point de départ (un homme et une femme unis toute leur vie). C’est la valeur à protéger. Toutefois, il y a bien là une tolérance possible avec la clause de « porneia », qui sera définie dans la prochaine section. Le Seigneur souligne également que Moïse a permis la répudiation et non commandé comme disent les pharisiens. On constate aussi qu’un divorce établi sur des causes injustes et suivi d’un remariage se nomme « adultère » dans le texte.

Le dernier texte significatif du Nouveau Testament est signé de Paul :

“10 A ceux qui sont mariés, j’ordonne – non pas moi, mais le Seigneur – que la femme ne se sépare pas de son mari ; 11 si elle est séparée, qu’elle demeure sans se marier ou qu’elle se réconcilie avec son mari, et que le mari ne répudie pas sa femme. 12 Aux autres, ce n’est pas le Seigneur, c’est moi qui dis : Si un frère a une femme non-croyante, et qu’elle consente à habiter avec lui, qu’il ne la répudie pas ; 13 et si une femme a un mari non-croyant, et qu’il consente à habiter avec elle, qu’elle ne répudie pas son mari. 14 Car le mari non-croyant est sanctifié par la femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par le frère, autrement, vos enfants seraient impurs, tandis qu’en fait ils sont saints. 15 Si le non-croyant se sépare, qu’il se sépare ; le frère ou la soeur n’est pas lié en pareil cas. Dieu nous a appelés (à vivre) dans la paix. 16 En effet comment savoir, femme, si tu sauveras ton mari ? Ou comment savoir, mari, si tu sauveras ta femme ? […]
39 Une femme est liée aussi longtemps que son mari est vivant ; mais si le mari est décédé, elle est libre de se marier à qui elle veut ; seulement, que ce soit dans le Seigneur.” (1 Corinthiens 7:10-16, 39)

Dans un premier temps, Paul reprend la situation que Jésus évoque en Matthieu 19 et qui concerne un couple qui s’est marié alors qu’ils étaient déjà croyants (le public juif envisagé par Jésus lors de la conversation). Il leur rappelle l’ordre du Seigneur : vie commune ou réconciliation (7.10-11). Puis il ouvre la discussion à un cas que Jésus n’évoque pas, le cas d’un couple mixte, chrétien & non-chrétien (7.12-14). Le mariage demeure sauf si le non-croyant pousse à la séparation. Dans un tel cas, le frère ou la soeur est légitimement divorcé, et peut se remarier (7.15-16). Même si le principe de l’idéal initial demeure viable : l’homme ou la femme sont mariés jusqu’à la mort (7.39).

Les interprétations possibles sur le divorce

1. Le divorce est condamnable en toute circonstance
Dieu ne serait jamais favorable au divorce qu’il ne faut jamais considérer comme acceptable ni légitime. Lorsqu’il a eu lieu, il faut imaginer l’individu comme encore marié.

2. Le divorce est envisageable sous certaines conditions
Dieu consent au divorce dont il régule la pratique en nommant des causes possibles tout en exigeant de viser l’idéal créationnel de Genèse 2.24.

3. Le divorce est acceptable en toute situation
La rupture est parfois ‘inévitable’ (quelles qu’en soient les causes), le divorce est légitime.

La compréhension de l’EPEV-C sur le divorce

Les anciens se reconnaissent dans l’option 2. Il nous semble que le divorce n’aurait fait l’objet ni d’un processus, ni d’une illustration divine (lorsque Dieu divorce d’Israël) s’il était foncièrement immoral et toujours inacceptable. Le divorce ne sera jamais un projet idéal, il sera toujours le fruit du péché. Mais la Bible le présente comme une option possible sous certaines conditions.

Les interprétations possibles sur les clauses du divorce

1. Le porneia correspond à un mariage illicite
Cette lecture identifie la clause d’exception de Matthieu 19.9-10 comme un mariage entre deux personnes dont le lien de parenté rend cette union incestueuse (cf. Lv 20.17 ou Dt 27.22). Le couple réaliserait après leur union qu’ils ont enfreint un interdit lévitique.

2. Le porneia correspond à l’infidélité conjugale
Cette lecture comprend porneia dans le sens d’une relation sexuelle hors mariage. Il faut noter qu’il existe un mot grec différent plus précis pour décrire l’adultère.

3. Le porneia correspond à une immoralité sexuelle
Cette lecture correspond au sens habituel de porneia qui couvre toute forme de déviance sexuelle (prostitution, inceste, etc.)

4. L’abandon du foyer par un non-croyant
Un conjoint non-chrétien voulant se séparer libère l’engagement conjugal (1 Co 7.12-14).

5. Le refus d’assumer les devoirs conjugaux essentiels
Cette perspective reconnaît que du temps du N.T. le divorce pour négligence des droits fondamentaux que sont l’alimentation, les vêtements, et le droit conjugal (Ex 21.10-11) était admis, y compris par Jésus. En Matthieu 19, il répond à la demande d’élargir cette clause.

6. « N’importe quel motif »
Cette lecture suppose que Deutéronome 24 propose deux clauses : le divorce « pour une chose » ou « une nudité ». C’est ainsi qu’un rabbin (Hillel) considérait l’immoralité comme une clause, associée d’une autre plus vague, « une chose ». Il devient possible de divorcer pour tout motif !

7. Les motifs « sérieux »
Cette position considère que certains actes qui mettraient en danger la vie ou la santé d’un enfant, d’un conjoint (violence, drogue, pédophilie) permettent le divorce parce que du temps de la Loi en Israël certains de ces actes auraient engendré la peine de mort.

La compréhension de l’EPEV-C sur les clauses du divorce

Nous pensons qu’il faut toujours préférer la repentance, le pardon, et la relation d’aide comme alternative et remède au divorce. Selon cette perspective, la question des clauses est moins importante que la volonté de reconstruire !

Nous rejetons les deux lectures très techniques de Matthieu 19 (options 1 & 6) car elles dépendent trop de considérations d’experts minoritaires qui demeurent divisés – leurs conclusions apparaissent donc improbables.

Nous rejetons les lectures qui ouvrent trop largement la porte au divorce (options 5, 6, 7) parce qu’elles vont à l’encontre de la pensée générale de l’Écriture qui oriente vers le maintien des liens conjugaux.

Il nous semble que l’Ecriture établit l’immoralité sexuelle et le départ du non-chrétien comme pouvant conduire à envisager le divorce (options 3 & 4).

En même temps, la Bible établit aussi que le couple n’est pas seulement un contrat passé, mais une responsabilité présente. En sorte qu’un conjoint qui mettrait volontairement en péril le couple (négligence, violence, atteinte à l’intégrité physique de soi ou du conjoint, etc.) pourrait engendrer l’intervention d’amis / responsables de l’Église pour accompagner un processus de changement. En l’absence de changement, les anciens pourraient interpeller cette personne selon le processus que Jésus décrit en Matthieu 18.15-20. À terme, l’Église pourrait juger que cette personne, par son comportement, s’apparente à un non-chrétien dont le départ ou le rejet du mariage tiendrait de l’option 4. Cf. « Considérations pratiques » ci-après.

La possibilité du remariage 

Les textes

Le remariage après le décès du conjoint est possible (Rm 7.3 ; 1 Co 7.39) et parfois même encouragé (1 Tm. 5.14).

Dans l’A.T., le remariage après une juste procédure de divorce était possible (Dt 24.1ss). L’A.T. exige que les prêtres ne prennent « pour femme ni une veuve, ni une femme répudiée, mais […] des vierges de la descendance de la maison d’Israël, ou une veuve si elle est la veuve d’un sacrificateur » (Ez 44.22). Une restriction spécifique qui reflète la permission plus large accordée au peuple.
Selon 1 Corinthiens 7.27-28, le remariage d’une personne « déliée » de son mariage (c'est-à-dire divorcée, cf. 7.15) est possible sans que ce soit un péché. Selon Matthieu 19.9-12, le divorce suite à l'immoralité du conjoint suivi d’un remariage ne s’apparente pas à un adultère.

Les interprétations possibles sur le remariage

1. Le remariage n’est jamais acceptable
Cette position considère l’individu toujours marié à son conjoint, en sorte que son remariage s’apparenterait à un adultère.

2. Le remariage est légitime si le divorce est légitime
Cette position considère que si le divorce est légitime, il a complètement dissous le lien conjugal permettant un remariage légitime. Si les clauses du divorce sont illégitimes, le remariage serait adultère aux yeux de Dieu.

3. Le remariage est envisageable s’il y a repentance
Cette position accepte des clauses légitimes au divorce (immoralité sexuelle et départ du non-croyant) et considère que l’individu qui a divorcé de manière illégitime peut se repentir, c'est-à-dire (1) admettre les aspects personnels de sa faute et changer ; (2) chercher la réconciliation d’avec son conjoint. Dans l’impossibilité d’une réconciliation, le remariage serait envisageable.

4. Le remariage est toujours possible
Cette position considère que le divorce détruit le lien conjugal quelle que soit la cause, et permet ainsi le remariage.

La compréhension de l’EPEV-C

Les responsables de l’Église considèrent qu’un remariage est possible lorsque le divorce a été légitime (option 2). Lorsqu’il a été illégitime, la réconciliation est à envisager. Si la réconciliation est impossible (conjoint déjà remarié, etc.), on ne saurait minimiser la force de la repentance pour permettre, après une restauration d’une véritable marche avec Dieu, un remariage (option 3).

Considérations pratiques 

Pour les couples dont les conjoints fréquentent l’Église :

  1. L’Église doit favoriser la prévention du divorce : solide préparation au mariage ; enseignement régulier sur le couple, la conduite et la responsabilité de chaque partie dans le mariage, le rôle de l’Église en tant que garante de l’idéal de Dieu pour le mariage (un homme, une femme, pour la vie, etc. ) ; etc. Elle ne saurait trop recommander aux futurs mariés le temps d’une sage réflexion avant de s’engager.
  2. L’Église doit soutenir et encourager les couples qui passent par des moments difficiles, et assurer l’accompagnement des couples en difficulté, ainsi que l’encouragement à des relations fraternelles de proximité (GdC, église de maison, etc.).
  3. Les Anciens désapprouvent d’emblée toute initiative unilatérale ou bilatérale visant à la rupture de l’alliance du mariage. Ils considèrent que le divorce n’est jamais un droit, même dans les cas où, dans leur compréhension, l’Écriture stipule que le divorce est envisageable
  4. Si les Anciens ont connaissance de difficultés au sein du couple, ils prendront l’initiative de lui proposer une intervention spécifique dans le but de rappeler l’idéal de Dieu pour le mariage, et encourager à la réconciliation. Cette intervention ne pourra se faire qu’avec l’accord des conjoints.
  5. Les Anciens veilleront à rappeler l’enseignement de Matthieu 18 au conjoint qui manifeste des comportements destructeurs ou initie le divorce contrairement aux enseignements de la Parole de Dieu. Au besoin, ils en tireront toutes les conséquences.

Pour ceux qui arrivent divorcés dans l’assemblée, les anciens examineront toute situation qui leur sera soumise au regard de la Parole de Dieu et des principes énoncés dans ce document. Ils seront amenés à prendre une position, qui sera certes imparfaite, mais qui reflétera les principes qui sont issus de leur compréhension de la parole de Dieu…

Dans un monde marqué par l’égoïsme, certaines situations rendent le divorce inévitable. Parfois ce divorce sera même illégitime au regard de la loi de Dieu. Nous voulons toutefois terminer en relevant qu’il n’y a pas de péché trop grand que le Seigneur ne puisse pardonner à ceux qui recherchent sincèrement sa grâce.

Annexes (voir pdf)