Cri du coeur

May 24, 2015 Speaker: Philippe Viguier Series: Défi prière 2015

Topic: Jeûne Passage: Matthew 9:14–17

Cri du cœur - Matthieu 9.14-17

Juste par curiosité, combien de personnes ont-elles déjà entendu un message sur le jeûne ?
Ce n’est pas un message bien populaire ou même bien compris.

Pour certains c’est trop démodé, trop moyenâgeux. Ce n’est pas agréable, on souffre pour rien, c’est du masochisme. Les protestants n’ont jamais adopté l’idée des monastères, ce n’est pas le moment de reprendre cette direction.

Pour d’autres encore, c’est trop mystique. Cela fait formule magique. Si l’on peut déjà prier pour exprimer nos besoins à Dieu, à quoi ça sert de jeuner ? C’est quoi, c’est extra-spirituel ? C’est une expérience, c’est subjectif, c’est trop confus !

Pour d’autres encore, c’est un peu risqué. Il faut manger pour être en forme. Quand on doit travailler ce n’est pas facile. On disait que Jean Calvin sautait souvent ses repas de midi, parce que c’était pour lui plus facile de se concentrer l’estomac vide. Sauf que … il est mort à 54 ans.
Pour d’autres, ce n’est pas forcément spirituel. Il y en a qui jeûne, mais c’est surtout pour perdre du poids.

J’avais un ami qui jeûnait souvent pendant 40 jours. Je me suis dit, ouah, quel homme spirituel ! Et puis il m’a expliqué : ben oui, comme je prends du poids, de temps en temps je jeûne où je ne bois qu’un mélange de jus de carotte, de sirop d’érable et des vitamines. Je perds 20kg en un mois et l’année suivante après les avoir repris je recommence.

Alors c’est quoi le jeûne et à quoi ça sert ?

Thomas Jefferson, le 3e président des Etats-Unis, dit un jour

« celui qui vit pour l’espérance meurt en jeunant. »

Jefferson ne croyait pas en un Dieu au pouvoir surnaturel. Vers la fin de sa vie, il compila même une Bible dans laquelle les miracles avaient été simplement enlevés, pour ne garder que des enseignements moraux. Pour lui, la religion n’était qu’un support pour une base éthique et morale.

Cette phrase, « celui qui vit pour l’espérance meurt en jeunant » était une critique du christianisme. C’était sa manière de dire que ceux qui cherchent à vivre dans l’espérance plutôt que dans le concret, ne seront jamais satisfaits. Ainsi son message est simple : ne perd pas ton temps pour ce que tu ne vois pas, apprécie le moment, ne perd pas ton énergie dans des rêves et idéaux pour un monde de l’au-delà.

Jefferson, sans comprendre l’essence du christianisme, avait cependant raison sur un point. Cette vie n’est pas satisfaisante. Elle nous laisse sur notre faim. Alors bien sûr, Jefferson avait les yeux fixés sur ce monde, pas sur Christ. De ce fait, le jeûne et le sacrifice c’est plutôt absurde, parce que si tout ce qui existe est le moment présent, alors mieux vaut en profiter sans souffrir.
Mais on doit se poser la question…et nous ? Est-ce que ça vaut la peine de vivre une vie où nous avons tellement soif de cette espérance que même le jeûne et le sacrifice en valent la peine ? Est-ce que ça vaut la peine ? Est-ce que ça vaut la peine de jeuner pour l’espérance qu’on a en Christ ?

Cette citation de Jefferson me rappelle une phrase de Francis Chan citée lors d’une de ses prédications à laquelle j’assistais. Il disat :

« vais-je changer le monde ? Probablement pas. Mais je essayerai jusqu’à ma mort. »

Même en tant que croyants, nous ne pouvons pas mourir satisfaits de ce monde. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous avons un Dieu infini et un Sauveur qui nous ont confié un mandat d’une taille grande comme le monde. Celui d’aller faire des disciples dans toutes les nations et que nous ne sommes pas prêt d’avoir terminé !

Les croyants comme les non-croyants, nous allons mourir avec un certain vide. Les non-croyants mourront avec un vide certain, parce que les espoirs terrestres vont tous s’envoler. Le croyant meurt avec un vide pour une autre raison, parce qu’il sait que le Dieu infini a placé l’éternité dans son cœur, ce vide énorme que Dieu seul peut combler…et même si Dieu nous comble, nous savons qu’il y a toujours plus pour nous ; plus de gloire, plus d’espoir, plus de joie, plus d’amour et que seul au ciel nous le verrons, loin du péché. Ce vide sera finalement complètement apaisé.
Notre cœur est désespérément vide et ce vide a besoin d’être rempli. Alors bien sûr, nous pouvons le remplir par les choses du monde, toutes ces distractions sans valeur éternelle. Ou alors nous pouvons faire comme Paul, faire la course pour connaitre Christ, et la puissance de la résurrection. Paul voulait connaitre la puissance de Dieu à tel point, qu’il voulait saisir autant que possible la gloire du ciel sur la Terre. Il voulait connaitre la puissance de la résurrection…il ne pouvait pas faire monter son âme au ciel, mais il voulait faire descendre le ciel sur son âme.
A quel point avons-nous soif de Dieu ? A quel point nous l’aimons-? A quel point nous voulons voir sa gloire ? Quels genres de sacrifices sommes-nous prêts à faire pour voir le ciel descendre sur Terre ?

Si nous étions vraiment prêts à tout pour voir la gloire de Dieu, alors les mots de Jefferson devraient aussi être les nôtres. « Celui qui vit pour l’espérance meurt en jeunant. » Pas parce que le jeûne nous tue, mais parce qu’il devient une part réelle de notre vie jusqu’à notre dernier souffle.

Aujourd’hui, nous allons parler du jeûne. Et voici le message simple que j’aimerais que l’on se souvienne : le but du jeûne, c’est affirmer que Dieu est plus important que la nourriture. On jeûne pour affirmer que le ciel est plus important que la Terre.

Je vous invite à lire avec moi Matthieu 9.9-17

9Jésus partit de là. En passant, il vit un homme assis au bureau des taxes et qui s’appelait Matthieu. Il lui dit: «Suis-moi.» Cet homme se leva et le suivit.
10Comme Jésus était à table dans la maison, beaucoup de collecteurs d’impôts et de pécheurs vinrent se mettre à table avec lui et avec ses disciples. 11Les pharisiens virent cela et dirent à ses disciples: «Pourquoi votre maître mange-t-il avec les collecteurs d’impôts et les pécheurs?» 12Mais Jésus, qui avait entendu, leur dit: «Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. 13Allez apprendre ce que signifie: Je désire la bonté, et non les sacrifices. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs, [à changer d’attitude].»

14Alors les disciples de Jean vinrent vers Jésus et dirent: «Pourquoi nous et les pharisiens jeûnons-nous [souvent], tandis que tes disciples ne jeûnent pas?» 15Jésus leur répondit: «Les invités à la noce peuvent-ils être tristes tant que le marié est avec eux? Les jours viendront où le marié leur sera enlevé, et alors ils jeûneront. 16Personne ne coud un morceau de tissu neuf sur un vieil habit, car la pièce ajoutée arrache une partie de l’habit et la déchirure devient pire. 17On ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres, sinon les outres éclatent, le vin coule et les outres sont perdues; mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le vin et les outres se conservent.»1

Lorsque l’on se replonge dans ce passage, Jésus est en Galilée dans une période ou son ministère est très populaire. C’est un temps où Jésus enseigne les foules et accomplit de nombreux miracles. Sa vie est saturée de ministère.

Et un jour, alors qu’il se promène, il tombe sur Matthieu, aussi appelé Lévi. Matthieu est un collecteur d’impôt que les juifs haïssent parce qu’il travaille pour les romains tout en s’enrichissant sur leur dos. C’était un travail tellement répugnant aux yeux des juifs, qu’il était mis au même rang que ceux appelés « pécheurs ». 10Comme Jésus était à table dans la maison, beaucoup de collecteurs d’impôts et de pécheurs vinrent se mettre à table avec lui et avec ses disciples.

Maintenant, on peut s’imaginer un groupe déchu de la société. C’est une chose que d’être un pêcheur, mais d’être identifié par la société comme tel, c’est vraiment le bas du bas. On parle des prostituées, des alcooliques, des gens qui se lient à l’oppresseur pour quelques bénéfices…
Mais Jésus les reçoit dans la maison. La maison fait souvent allusion dans les Evangiles à la maison de Jésus à Capernaüm, son quartier général. Alors les Pharisiens, qui par tradition jeunaient 2 fois par semaine, se mettent à se moquer de Jésus et même les disciples de Jean-Baptiste s’y mettent. « Ouais celui-là il se prend pour le Messie et puis il n’est pas spirituel du tout ! Nous on jeune, pas lui, on vaut mieux que lui ! »

Et alors Jésus recadre la conversation avec ces quelques paroles, qui sont un des rares enseignements sur le jeûne dans la Bible. Il définit le jeûne pour nous. C’est un cri du cœur. C’est un cri désespéré, un cri passionné, et un cri authentique.

1) UN CRI DESESPERE

Premièrement, c’est un cri désespéré. C’est un cri désespéré pour la vie.

14Alors les disciples de Jean vinrent vers Jésus et dirent: «Pourquoi nous et les pharisiens jeûnons-nous [souvent], tandis que tes disciples ne jeûnent pas?» 15Jésus leur répondit: «Les invités à la noce peuvent-ils être tristes tant que le marié est avec eux?

Jésus redéfinit pour les disciples de Jean et les Pharisiens ce qu’est le jeûne. Il le définit comme l’expression de la tristesse. Le mot grec utilisé pour « tristesse » est très fort, c’est celui du deuil. En grec, il existe trois autres synonymes, mais ce verbe est le plus fort, il n’est utilisé que 10 fois dans le Nouveau Testament. Il parle d’une tristesse qui prend possession de notre corps et qui ne peut pas être cachée. C’est une émotion extrêmement forte. On retrouve ce même verbe dans le livre de l’Apocalypse, alors que les habitants de la Terre voit la grande ville de Babylone, source de leurs richesses, subir une destruction totale. Les commerces sont détruits, des vies sont perdues, c’est un jour de deuil.

Au du jour de l’expiation, peut-être la journée la plus sacrée du calendrier juif, la Bible enseignait les gens à « humilier leurs âmes » une pratique qui était interprétée par le jeûne.
Les opposants de Jésus se présentent devant lui pour l’accuser, alors qu’ils ne comprennent rien au jeûne. S’ils avaient compris le jeûne, ils ne seraient pas venus à sa fête, surtout pour y semer la pagaille.

Alors Jésus les reprend. Le jeûne c’est avant tout un deuil. C’est un cri désespéré de tristesse. On ne jeûne pas juste parce que c’est une « bonne » chose à faire…on jeûne parce notre cœur est rempli d’une grande tristesse, comme si quelqu’un était parti.

C’est cela le jeûne biblique. C’est un refus d’accepter la mort, parce que c’est trop horrible, c’est trop laid. Le jeûne, c’est un cri pour que la vie triomphe là où se trouve la mort.
C’est ce qu’on voit dans l’Ancien Testament.

On voit cela dans l’exemple de Néhémie par exemple :

3Ils m’ont répondu: «Les rescapés de la déportation se retrouvent là, dans la province, au comble du malheur et du déshonneur. La muraille de Jérusalem est pleine de brèches et ses portes ont été réduites en cendres.»
4A cette nouvelle, je me suis assis, j’ai pleuré et j’ai porté le deuil durant des jours, jeûnant et priant devant le Dieu du ciel. (Néh 1 :3-4)

Néhémie est à Suse, la capitale du royaume d’Assyrie, il apprend que son peuple est sans protection face aux ennemis. Sans une intervention divine, Jérusalem risque d’être disséminée. C’est une question de vie ou de mort, non seulement pour le peuple, mais aussi pour ce qu’il représente. La fin du peuple d’Israël, c’est aussi la fin de la lignée messianique et de l’espoir pour le monde.

De même on lit en Esther 3 :8-11

8Haman dit alors au roi Assuérus: «Il y a dans l’ensemble des provinces de ton royaume un peuple unique, bien que dispersé, qui reste bien à part parmi les peuples. Il a des lois différentes de celles de tous les autres peuples et n’applique pas celles du roi. Le roi n’a aucun intérêt à le laisser tranquille. 9Si donc tu le juges bon, qu’on donne par écrit l’ordre de les faire disparaître. Ce sont 300 tonnes d’argent que je remettrai aux fonctionnaires pour le trésor du roi.»
10Le roi retira l’anneau de sa main et le donna à Haman, fils d’Hammedatha, l’Agaguite qui était l’adversaire des Juifs, 11et il lui dit: «L’argent et ce peuple sont à ta disposition. Fais-en ce que tu voudras.»

Et puis on voit la réaction d’Esther un peu plus loin :

3Dans chaque province, partout où arrivait le message du roi, qui avait valeur de loi, les Juifs menaient grand deuil, avec jeûne, pleurs et lamentations; beaucoup avaient pour lit le sac et la cendre. (Esther 4.3)

Les juifs jeûnent parce qu’ils ne veulent pas mourir. C’est vraiment une heure triste. Ils sont attristés parce qu’ils anticipent un deuil immense. Leurs cœurs sont lourds. Ils sont tellement attristés, ils revêtent le sac et la cendre.

C’est fort comme image le sac et la cendre. Ils se dépouillent de tout honneur humain. Ils s’humilient devant Dieu pour dire : Dieu, si tu ne te manifestes pas, nous sommes morts.
David jeûnait aussi pour ses amis mourant :

13Moi, quand ils étaient malades, je mettais une tenue de deuil, j’humiliais mon âme par le jeûne, je priais, la tête penchée sur la poitrine. (Ps 35 :13)

David savait que pour les gens malades, sans la connaissance de médicaments à l’époque et sans l’aide de Dieu, il seraient comme morts. Encore une fois, face à la mort il y a le jeûne. C’est un refus d’accepter la mort. C’est un cri désespéré pour que Dieu se manifeste en donnant la vie.
On pourrait regarder bien d’autres exemples, mais on comprend l’idée centrale. Le jeûne c’est un cri désespéré. C’est une bataille pour la vie tellement intense, que même la nourriture n’a plus de sens.

Alors Jésus, dans cette première affirmation sur le jeûne, décrit surtout la raison du jeûne. C’est son absence. Mais il est présent, et donc ce jeûne pour les disciples de Jean n’était pas nécessaire. Le temps était surtout de se rapprocher de Lui.

Puisque le jeûne est un cri désespéré à la vie, cela ne servait à rien de le pratiquer quand Christ était présent, puisqu’il est lui-même est l’incarnation de la vie. Il est le chemin, la vérité et la vie. Il donne la vie en abondance à ceux qui le suivent. Jésus leur dit clairement dans ce passage :

15Jésus leur répondit: «Les invités à la noce peuvent-ils être tristes tant que le marié est avec eux? Les jours viendront où le marié leur sera enlevé, et alors ils jeûneront. »

Dans la présence de Christ, la tristesse disparait. Il ressuscite les morts, il donne la victoire sur les péchés, il parle selon la vérité, il aime sans limite.

Mais l’époux qui part, ça fait mal. Vous imaginez un peu la tristesse des disciples lors du départ de Christ ? De le perdre lui, cette communion, bien sûr remplacée d’une certain côté par la venue du Saint-Esprit, mais de ne plus l’avoir à leurs côtés. Cela fait un trou énorme.

Cette semaine, une bien triste nouvelle, notre sœur Danielle Garabedian est décédée. C’était une femme qui donnait beaucoup de sa personne. Avec un cœur généreux, elle a énormément aimé son entourage. Pour sa famille et ses proches, elle ne sera jamais remplaçable. On sait qu’elle est avec le Seigneur et que toutes ses peines sont finies, mais pour nous le vide qu’elle laisse, c’est aussi notre tristesse

Ce vide, cette tristesse, c’est aussi le sentiment du croyant qui attend le retour de Christ. Pour le croyant, de savoir qu’il faut attendre le ciel pour voir Christ face à face, c’est dur. C’est difficile d’accepter. Cela doit nous rendre tristes. Surtout, lorsque l’on sait ce que signifie sa présence ; c’est lui le Sauveur qui mettra fin à la mort générée par le péché de ce monde déchu et qui donnera la vie en abondance.

La présence de Jésus c’est la vie t son absence, c’est la mort. Ainsi, l’absence de Christ génère la plus profonde tristesse.

D’ailleurs, quand on regarde aux autres utilisations de ce verbe : « être triste », ce verbe fort, c’est souvent dans le cadre du péché. Le péché, qui génère la mort, c’est ce qui oppose les gens de Christ, et c’est ce qui devrait nous attrister le plus. C’est ce qui nous sépare de Christ sur Terre, et pour ceux qui restent endurcis, pour toute l’éternité. On retrouve ce verbe par exemple dans l’épitre de Jaques :

8Approchez-vous de Dieu et il s’approchera de vous. Nettoyez vos mains, pécheurs; purifiez votre cœur, hommes partagés. 9Ayez conscience de votre misère, soyez dans le deuil et dans les larmes, que votre rire se change en deuil et votre joie en tristesse. 10Humiliez-vous devant le Seigneur et il vous élèvera. (Jacques 4 :8-10)

Le jeûne, c’est un refus de vouloir voir la mort que produit le péché. C’est un refus de laisser la mort porter son fruit. Paul avait la même tristesse pour les gens de Corinthe, pour qu’ils se repentent. Le jeûne est un cri désespéré contre le péché et ce qu’il produit : la séparation éternelle avec Dieu.

Est-ce que l’on se rend compte de ce que produit le péché ? Paul nous dit que la mort est entrée dans le monde à cause d’un seul péché. A cause d’un seul péché d’Adam, le monde entier est devenu impur aux yeux de Dieu et mérite d’être détruit. Lorsque David fit son recensement par orgueil, Dieu envoya un ange destructeur qui enleva la vie à 70 000 personnes. A cause d’un seul péché. Est-ce que l’on se rend compte de ce que Christ a porté sur la croix, l’intensité du châtiment qu’Il a porté pour nous, en portant le poids de nos péchés et de l’intensité du châtiment que vont devoir subir ceux qui ne mettent pas leur confiance en son sacrifice ?
Alors, oui la mort physique est une réalité triste, horrible. Mais la mort spirituelle et éternelle est bien pire encore. Dans la présence du Seigneur, les disciples n’avaient pas de raison d’être tristes. Mais dans un monde où l’on attend son retour, où près de 150 000 personnes meurent tous les jours, la plupart sans avoir mis leur confiance en celui qui peut ressusciter les morts et qui sont destinés à l’enfer, la Bible nous le dit …nous avons de quoi être tristes. Nous avons de quoi émettre un cri désespéré.

Je ne sais pas vous, mais parfois quand je conduis, je m’imagine les voitures à côté de moi en feu, entrain de brûler. Quand je marche et je croise des gens, je m’imagine qu’ils sont en feu. C’est la réalité de notre monde. Sans Christ, sans se détourner de nos péchés pour accepter celui qui sauve et purifie, ce monde est condamné !

« Mangeons et buvons car demain nous mourons ! » disait Esaïe au sujet des cœurs endurcis face à Dieu. Mais ne pouvons vivre une vie de confort en ignorant la réalité de ceux qui nous entourent.

Est-ce possible de partager le cœur de Dieu et de ne pas éprouver de la tristesse pour ceux qui ne le connaissent pas ? Dieu nous donne une manière d’exprimer notre tristesse par le jeûne et la prière.

Cela ne veut pas forcément dire de jeûner pendant 3 jours. Physiquement nous avons tous nos limites. En général, pour un jeûne, j’essaie de sauter un repas ou deux et de passer un moment dans la prière. Au-delà, mon corps va mal. Mais le jeûne ce n’est pas simplement de manger. Qu’y a-t-il d’autre dans nos vies qui prennent de la place ? Nos téléphones portables ? Nos séries préférées ? Avez-vous déjà essayé de faire un jeûne technologique pendant un mois ? On coupe la télé, facebook, les jeux vidéo…et au lieu de cela, on s’investit pour quelque chose à la portée éternelle.

Jeûner, ce n’est pas magique, mais c’est une preuve de notre consécration. Si nous considérons réellement que la volonté de Dieu est plus importante que nos petits plaisirs, alors où sont les preuves ?

Dieu souhaite combler nos besoins matériels. Il pense à nous et prend soin de nous. Mais au-delà de cela, son cœur brûle de voir des gens rebelles se tourner à Lui. Est-ce aussi notre désir et le cri de notre cœur ?

En ce moment, je lis le livre d’Esaïe dans le cadre de mes lectures personnelles. C’est intéressant quand on regarde aux prophètes comme Esaïe, Jérémie ou Ezéchiel, combien leurs livres sont longs et qu’ils répètent souvent le même message. Et pourquoi ? Parce le cri du cœur de Dieu est d’aller encore et encore vers un peuple rebelle et endurci jusqu’à ce qu’il se repente ! Parce qu’il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que 99 qui n’ont pas besoin de repentance !

2) UN CRI PASSIONNE

Mais de partager le cœur de Dieu, cette tristesse face au péché et à la mort, n’est possible que lorsque le cœur est passionné pour Dieu lui-même.

Le cri désespéré vient d’un cœur passionné pour Christ. Ainsi, le jeûne n’est pas simplement un cri désespéré, mais aussi un cri passionné.

15Jésus leur répondit: «Les invités à la noce peuvent-ils être tristes tant que le marié est avec eux? Les jours viendront où le marié leur sera enlevé, et alors ils jeûneront. »

Au-delà d’un désir de combattre le péché et la mort, le jeûne c’est un cri de passion pour la personne de Jésus Christ. Jésus disait simplement que ses disciples jeûneront parce qu’ils voudront le revoir. Le jeûne biblique, c’est un cri passionné pour la présence de Christ. Nous ne pouvons pas le voir, mais nous voulons à tout prix voir son œuvre et le connaitre par Sa Parole agissante. Un croyant jeûne parce qu’il veut être le plus prêt de Dieu possible, plus que tout ce que le monde peut lui offrir.

John Piper, dans son livre sur le jeûne affirmait :

« L’absence du jeûne, c’est la mesure de notre satisfaction dans l’absence du Christ »

Wow. Cela fait réfléchir. L’absence du jeûne, et d’une attitude de jeûne, c’est la mesure de notre satisfaction dans l’absence du Christ.

Peut-on être satisfait sans Christ ? Peut-on être satisfait sans voir Christ se manifester ? pour nous délivrer du péché, pour répandre son salut autour de nous, pour nous utiliser pour son œuvre merveilleuse ? Pouvons-nous réellement être pleinement heureux sachant que notre vraie demeure est au ciel avec Lui et que le seul moyen de se rapprocher de lui c’est l’expression de notre foi si faible ?

Pour Jésus, c’était impossible de vivre une relation intime et intense avec le Père sans le jeûne. Son cœur criait pour mettre son Père au premier avant mêmes les choses essentielles de ce monde.

On connait bien les paroles du Psaume 42-2-3 :

Comme une biche soupire après des cours d’eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu! Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant. Quand donc pourrai-je me présenter devant Dieu? (Ps 42.2-3)

Vous savez ce qui se passe quand une biche n’a pas d’eau ? Elle meure.

Quand je pense à cette image, cela me rappelle, avant de venir en France, il y eut une grande période de sécheresse en Californie. Et je me souviens encore d’avoir vu une biche en plein jour à un endroit où nous ne les voyons jamais. Juste au bord de l’autoroute, proche de la ville. C’était un endroit où il y avait des belles montagnes sans population, des belles forêts où se réfugier. Cette biche avait tout quitté et risquait sa vie pour simplement trouver un peu d’eau à boire.

Comme une biche qui soupire…une biche qui comprend que c’est une question de vie ou de mort ! Ainsi le Psalmiste soupirait après Dieu, après la face de Dieu. Il voulait à tout prix voir l’œuvre de Dieu dans sa vie ! Oh, que Dieu nous préserve d’être satisfait sans être puissamment utilisés par Lui pour son œuvre !

Tim Keller, un pasteur dont l’église a commencé l’implantation de plus de 100 églises, racontait comment sa vie de prière bascula. Un jour sa femme lui demanda ce qu’il ferait s’il avait une maladie mortelle et que le seul moyen de vivre était de prendre un certain médicament tous les soirs. Il fut tellement bouleversé par cet exemple, que lui et sa femme prirent la décision de ne jamais se coucher sans avoir prier ensemble. Cela changé sa vie.

Le jeûne, c’est de vouloir absolument voir Dieu agir, que ce soit dans nos actions ou nos décisions.

Je raconte souvent aux jeunes qui ont des peines de cœur que lorsque j’étais à l’école biblique, je m’étais fixé comme but, à peu près une fois par an, d’essayer d’aborder une fille. Alors c’est vrai qu’à l’école biblique avec des centaines de jeunes filles qui aiment le Seigneur, je me disais qu’en tant qu’homme, il fallait initier. C’est quand même bête quand on est dans un lac rempli de beaux poissons de ne pas lancer la ligne de temps en temps pour voir si ça mord. Et du coup, quand je rencontrais une fille qui me plaisait, je passais quelques mois dans la prière, je jeûnais et j’allais lui parler. Et presqu’à chaque fois je me prenais un râteau.

Mais j’en suis vraiment reconnaissant, parce que ça m’a permis d’accepter la chose comme venant de Dieu, j’attendais que ça guérisse et je recommençais. Et un jour j’ai rencontré Sophia, j’ai prié, jeûné, et elle a dit oui. Enfin au début elle a dit oui, et lorsque je l’ai demandé en mariage elle a dit non, parce que comme nous sommes un peu non-conformiste, lors de ma demande je lui ai demandé si elle voulait ne pas m’épouser, et donc elle a du dire non.

Et je suis reconnaissant que Dieu m’ai protégé de relations qui ne m’auraient pas convenues. Il savait ce dont j’avais besoin. J’avais besoin d’une femme qui serait prête à vivre une vie de ministère et à tout quitter pour me suivre.

Jésus, avant de commencer son ministère, passa 40 jours à jeûner et prier. Il voulait que son ministère soit saturé de la présence et de la volonté de Dieu. Il ne voulait vivre pas seulement de pain mais de la Parole de Dieu.

Jésus avait-il besoin de jeûner ? Personne ne le lui demanda. Mais il avait un cœur passionné de voir son Père à l’œuvre.

Vous savez, Dieu donne à tous les croyants des dons spirituels. A quel point souhaitons-nous voir Dieu œuvrer dans notre vie d’église ?

Sommes-nous satisfaits, ou bien souhaitons-nous voir sa gloire davantage ?

Je lisais cette semaine l’histoire de la conversion de Howard Hendricks, un professeur de talent qui a marqué toute une génération à la faculté de théologie de Dallas. Il avait été entre autre, le mentor d’un de mes profs préférés.

Il avait été amené au Seigneur par un homme Walt, alors qu’il n’avait que 9 ans. Walt n’était jamais allé au collège, ni au lycée, mais il avait à cœur les enfants de son quartier. Il allait les voir pour les inviter à l’école du dimanche. Howard Hendricks, au premier contact, ne fut pas emballé. Mais Walt lui proposa à la place de jouer aux billes. Et ils se lièrent d’amitié. Walt atteint 9 autres enfants de familles brisées comme Howard pendant ces quelques années. C’était un homme qui les aimait, qui préparait avec attention ses écoles du dimanche, et se donnait à fond. Le résultat fut que sur 13 enfants de la génération d’Howard, 11 se lancèrent dans le ministère à plein temps. Walt, aux yeux du monde, n’avait pas grand-chose à donner. Mais il voulait être fidèle, avec ce qu’il avait, pour voir l’œuvre de Dieu.

Ceux qui ont goûté à l’œuvre de Christ dans leur vie savent que lui seul peut combler le vide qui est en nous.

Malheureusement, notre approche du christianisme est souvent faite à l’envers. On se demande « quel minimum puis-je faire pour garder une bonne conscience en tant que chrétien » plutôt que de se dire, « qu’est-ce qu’il y a d’autre que je peux vendre pour me procurer cette perle de grand prix ? »

Une chose intéressante, en Matthieu, le seul autre endroit où ce même verbe pour « être triste » se trouve c’est dans le Sermon sur la Montagne.

« Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés! » (Mat 5:4)

Jésus ne veut pas que nous soyons tristes pour que soyons misérables, il veut que nous soyons tristes sans lui, pour que nous puissions être consolés par la manifestation de sa main puissante et pleine d’amour !

Dans son livre sur le jeûne, John Pier écrivait :

« Le plus grand ennemi d’une faim pour Dieu, ce n’est pas du poison, mais de la tarte aux pommes. Ce n’est pas le banquet des méchants qui ternit notre appétit pour le ciel, mais nos grignotages incessants à la table du monde. Ce ne sont pas les vidéo XXX, mais l’écoulement de ces programmes triviaux de grandes écoutes dont nous buvons tous les soirs »

Oh, que Dieu nous donne d’avoir soif pour ce qui compte vraiment !

3) UN CRI AUTHENTIQUE

Le jeûne, c’est un cri du cœur qui est désespéré passionné, et authentique.

Jésus finit cette conversation avec une image plutôt originale :

16Personne ne coud un morceau de tissu neuf sur un vieil habit, car la pièce ajoutée arrache une partie de l’habit et la déchirure devient pire. 17On ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres, sinon les outres éclatent, le vin coule et les outres sont perdues; mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le vin et les outres se conservent.»

Les Pharisiens et les disciples de Jean jeûnaient, mais pas pour de bonnes raisons. Ils jeûnaient surtout pour l’apparence, sans vraiment avoir une transformation du cœur. Et Jésus leur dit simplement : « soyez vrais ! Soyez authentiques ! » Cela ne sert à rien de faire de bonnes œuvres si le cœur n’y est pas. En réalité, ce qui compte avant tout, c’est un changement de nature complet, pas juste quelques petits ajouts esthétiques.

Vous imaginez un peu la scène. Si quelqu’un se pointe avec de vieux linteaux, et puis un morceau tout neuf et coloré qu’il colle par-dessus. Et puis il marche en le montrant à tout le monde. Regardez, je jeûne ! Je suis spirituel ! Ne suis-je pas incroyable ?

C’est la même idée avec les outres de vin. Lorsque le vin fermente, les outres se gonflent. Une vieille outre qui a déjà gonflé s’éclate lorsque le processus est répété. Et alors le vin est perdu. On met le vin nouveau dans des outres neuves.

Et ce que Jésus enseigne, c’est que l’on ne peut pas penser se revêtir de toutes ces bonnes œuvres sans avoir un cœur transformé. De vouloir la volonté de Dieu, ça requiert un changement du cœur, pas simplement un ajout de bonnes œuvres.

Jésus encourageait le jeûne authentique.

16 Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste comme les hypocrites. En effet, ils présentent un visage tout défait pour montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense. 17Mais toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage 18afin de ne pas montrer que tu jeûnes aux hommes, mais à ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. (Mt 6.16-18)

Imaginez-vous par exemple que notre ami Nicolas Philit lors de son retour d’Amérique du Sud, eut non seulement une barbe trois fois plus longue mais qu’en plus il soit totalement fauché, et tous ces vêtements sont déchirés. Alors, il va voir ses parents qui lui disent : bon ben voilà 200€ va t’acheter des nouveaux vêtements et essaie de passer quelques entretiens pour trouver du travail. Donc Nico prend l’argent et va s’acheter une superbe paire de chaussures italiennes.
Et il arrive à son premier entretien. Et le gars le regarde : mais qu’est-ce qui se passe ? Tes vêtements sont tout déchirés ? Et Nico répond : oui, mais mes chaussures, regardez mes belles chaussures !

Bon Nico a trouvé du travail en revenant de son voyage, donc on sait que cette histoire est fictive…

Mais Jésus voulait mettre en garde ceux qui voulaient parader leur jeûne comme une bonne œuvre sans faire en sorte que le reste soit aussi propre. Les Pharisiens se baladaient dans la rue en criant : « regarder nos chaussures ! Regardez nos chaussures ! » Sans réaliser à quel point le reste n’était pas présentable.

Ce que Dieu désire, ce sont des cœurs assoiffés, authentiques, qui le cherchent lui, et non pas vivre une religion juste pour l’apparence.

Je vous invite à lire avec moi Esaïe 58.4-9, et nous allons finir avec cela. Déjà du temps d’Esaïe, le jeûne était devenu une pratique vide de son vrai sens, et voici ce qu’il nous dit :

4Votre jeûne débouche sur des procès et des disputes, sur de méchants coups de poing. Vous ne jeûnez pas, comme vous le faites aujourd’hui, de manière à faire entendre votre voix là-haut.
5Est-ce un jeûne de ce genre que je préconise, un jour où l’homme s’humilie? S’agit-il de courber la tête comme un roseau? Faut-il se coucher sur le sac et la cendre? Est-ce cela que tu appelles un jeûne, un jour agréable à l’Eternel?
6Voici le genre de jeûne que je préconise: détacher les chaînes dues à la méchanceté, dénouer les liens de l’esclavage, renvoyer libres ceux qu’on maltraite. Mettez fin aux contraintes de toute sorte! 7Partage ton pain avec celui qui a faim et fais entrer chez toi les pauvres sans foyer! Quand tu vois un homme nu, couvre-le! Ne cherche pas à éviter celui qui est fait de la même chair que toi!
8Alors ta lumière jaillira comme l’aurore et ta restauration progressera rapidement, ta justice marchera devant toi et la gloire de l’Eternel sera ton arrière-garde. 9Alors tu appelleras et l’Eternel répondra, tu crieras et il dira: «Me voici!» (Esaïe 58.4-9)

« Me voici ». Un jeûne authentique nous mène là où Dieu se trouve. Cela mène dans la présence même de Dieu. Cela mène à la manifestation de la puissance de Dieu. Lorsque Jésus jeûna, il surmonta les tentations les pires que l’humanité ait connues. Moise jeûna, et reçu les 10 commandements. Esther jeûna et vit la délivrance de son peuple. Néhémie jeûna et Dieu répondit. Daniel jeûna et le peuple d’Israël fut libéré de son exile. Lorsque le peuple de Ninive jeûna, Dieu leur pardonna aussi leurs péchés, même s’ils avaient été un peuple à la méchanceté légendaire lors de leurs conquêtes.

9Alors tu appelleras et l’Eternel répondra, tu crieras et il dira: «Me voici!»

A quoi peut-on s’attendre à voir dans notre église si lors de nos prières Dieu disait tout simplement : me voici !

Je prie pour une grande œuvre pour cette église. Avec un grand Dieu de notre côté, nous pouvons nous attendre à de grandes choses. Je vais vous dire, je prie pour 200 âmes pour cette église en 5 ans. Pour que cela s’accomplisse, il suffit simplement que chaque personne ici amène quelqu’un au Seigneur d’ici 5 ans. Etes-vous prêts à relever le défi ?

Je lisais cette citation de Francis Chan en intro : « vais-je changer le monde ? Probablement pas. Mais je vais sûrement essayer jusqu’à ma mort. »

Francis Chan, certains le connaissent peut-être pour son livre « crazy love » qui a été l’un des plus vendus en France et des plus marquants de ces quelques dernières années dans le monde évangélique. C’est un homme qui est puissamment utilisé par Dieu.

En lui donnant naissance, sa mère est morte. Elle avait le choix de vivre elle, ou de le laisser vivre à lui. Elle a choisi de donner vie à un enfant.

Je me souviens d’entendre Francis Chan prêcher, il nous disait, « il y a une raison pour laquelle j’existe. Je n’aurais pas du exister. C’est que Dieu doit avoir un plan. Et je veux vivre ce plan à fond. Dieu a préparé aujourd’hui, maintenant une œuvre que moi seul peut accomplir.

Cet appel, il est pour chacun de nous. Dieu vous a formé à chacun pour ce moment. Pour accomplir quelque chose que nul autre ne peut accomplir.

La question est : allez-vous laisser votre cœur crier à Dieu pour qu’Il vous donne la force d’être utilisé par Lui,

 

 

1. Tous les textes bibliques sont tirés de la version Segonde 21

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